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Le retour gagnant du ski joering

Pour concilier poney, cheval, glisse, sensations, vitesse quand les remontées mécaniques et autres télésièges sont fermés, le ski joëring (prononcer ski « djoring ») revient en force.

A l’origine moyen de locomotion pour les paysans scandinaves, le ski joëring est devenu une discipline sportive et de loisir dès les années 20 sur la station de Saint Moritz (Suisse) pour divertir la clientèle anglaise en villégiature. Depuis, combinaisons aérodynamiques et casques profilés, courses prestigieuses, déclinaisons d’été et mécaniques ont fait leurs apparitions.

« Vers 1900, les agriculteurs ont observé que les skieurs remontaient les pentes avec leurs skis en bois sur l’épaule » raconte Jacques FILLIETROZ, l’un des artisans de la renaissance du ski joëring en France. « Aussi, pour un complément financier et faire travailler leurs mulets qui restaient à l’arrêt jusqu’au printemps, ils ont pratiqué le ski joëring jusqu’à l’arrivée des remontées mécaniques ». Au début des années 90, Jacques, alors pisteur secouriste et propriétaire d’un centre équestre, amoureux du cheval et de la glisse, relance cette activité oubliée. Depuis, il est devenu formateur des pros de cette discipline reconnue par la FFE et une référence internationale dans son ranch El Colorado.

Il n’est pas nécessaire d’avoir un excellent niveau à ski ou même d’être cavalier pour pratiquer le ski joëring. Emmanuelle VORS-ISOARD, propriétaire de la Ferme sous la Roche à Selonnet-Chabanon (04), indique « mon socle pour les tous petits est qu’ils sachent prendre le fil-neige. Ensuite on fait une balade tranquille en duo, d’une quinzaine de minutes. Pour les plus grands, comme pour les adultes néophytes, je peux vous assurer qu’on passe très vite du pas au trot ! Pour le galop, j’estime la tonicité du skieur à pouvoir suivre l’allure. »

Pas besoin d’avoir la condition physique de Teddy Riner, mais se rappeler que « joëring » veut dire « tracté » en finlandais. Et ça passe par les bras. « La tonicité c’est la base ! » Marion LE CORRE, responsable de Mountain Pony à Font-Romeu (66) : « il faut être gainé du haut du corps et garder de la souplesse dans les jambes pour pouvoir tourner sur nos slaloms, monter, descendre ».

En cet hiver particulier, le ski joëring fait la remontada. Pour bien des stations en manque d’activités, il est même devenu un produit d’appel. Mais enseigner le ski joëring est un métier qui ne s’improvise pas. Préférez le bouche à oreille et les structures labélisées FFE. Sachez également qu’il est nécessaire de réserver, surtout en ce moment !

A la recherche de glisse et de vitesse ou d’une autre alternative, c’est un nouveau marché qui s’installe. Dans les Pyrénées, Marion constate « une clientèle masculine, qui ne serait pas venue dans d’autres circonstances et pour qui le cheval n’est plus un obstacle ».  Emmanuelle, dans les Alpes de Haute Provence, avance  « un enneigement exceptionnel » et observe « les resctrictions liées au Covid poussent les gens à découvrir la montagne autrement. Cette année, outre les clients du week-end et de vacances il y en a des nouveaux en semaine ». Idem en Savoie où Jacques voit défiler « une clientèle skieuse non cavalière contrairement aux autres années ».

Outre une phase économique qui vient les soutenir, tous ces professionnels voient d’abord une vision nouvelle qui se développe autour du cheval, une approche plus décontractée de l’équidé, dans la nature. Pour ceux qui en ont l’appréhension, et puisqu’ils ne sont pas dessus, le poney ou le cheval devient source de plaisir sans crainte.

En cet hiver 2021, sur une piste ou un itinéraire damé, le ski joëring propose une promenade sportive, ou un parcours de slalom, tracté à ski par un équidé et l’utilisation d’un harnais semi rigide.

Le tout dans un silence cotonneux. Sans le ronron incessant des remontées mécaniques, les skieurs kamikazes, les snowboardeurs décomplexés et le planté du bâton qui ne va jamais. ©

Crédits photos : O.T Chabanon - Marion Le Corre - Jacques Fillietroz