2010 - 2020 - CES CHAMPIONS DE FRANCE QUI ONT GRANDI - 1

Qu'est-ce qu'un titre dans la vie d'une ado ?

Qu’est-ce qu’un cavalier qui compte ?

Ce sont mes parents qui géraient, moi je ne me rendais pas bien compte. Un cavalier de club n’aura pas les mêmes dépenses qu’un cavalier propriétaire . Maintenant, avec le recul,  j’ai un regard dur sur le coût global qu’implique ce sport quand on le pratique en compétition.

Vous souvenez-vous de juillet 2010 ?

Assez bien oui ! C’était plusieurs semaines d’entrainements pour une médaille d’or qui est arrivée le 11 juillet, le jour de mes 14 ans. Il faisait très chaud, c’était la canicule sur les 3 jours d’épreuves. Il fallait s’arrêter pour arroser les chevaux au milieu de la détente ! Il faisait 40°. 

Il y a quoi dans la tête de cette ado avant d’entrer en piste pour la finale ?

Celui qui allait entrer derrière moi était second. Je savais que mon entrée libre en musique était mon point fort, j’étais très concentrée. Mon entraineur a interdit  ma mère de  présence en bord de carrière  à la détente à cause de son stress et de ses commentaires ! Moi j’étais déterminée,  je savais  que c’était possible, que l’or n’était pas si loin. Je me suis battue parce que je le connaissais mon point fort ! Et que l’année précédente j’étais 2ème !

Vous gardez quoi de la remise des prix ?

Super souvenir !  Monter sur le podium, la remise du tapis, la médaille, le flot… En plus j’avais un cheval qui adorait ça les remises des prix ! Ce jour là il était particulièrement agité, il se dressait. Il fallait que je remonte dessus mais il faut dire que j’étais petite et que Ludiek toisait 1,75 ! J’arrivais pas à monter sur un cheval de 18 ans très excité ! Le public riait, les autres étaient déjà partis pour le tour d’honneur et j’ai donc dû me servir du podium comme montoir ! Mais j’ai senti que mon cheval était fier.

Le après se gère comment ?

J’étais déçue de renter, de quitter mes copains de concours mais j’avais un nouvel objectif, un niveau supérieur à aborder… Après ce championnat on a préféré mettre Lubiek à la retraite, il avait 18 ans et un beau palmarès. Et il vit toujours ! Il tond la pelouse ! J’ai continué quelques compet avec les chevaux de mon entraineur et puis peu à peu ça s’est espacé.

Avez-vous hésité dans le choix de votre parcours scolaire ?

Non.  Ca fait très longtemps que je sais ce que je veux faire alors je n’ai pas hésité.

Comment avez-vous concilié études et compétitions ?

Jusqu’à la fin de mon collège ça allait.  Mais après, la configuration familiale a fait que j’ai eu moins d’occasions de faire des compet. De ce fait j’ai diminué l’équitation… Mais ça a été très difficile…. Oh oui ! J’étais toujours en contact avec le milieu du cheval mais me retrouver presque du jour au lendemain sans objectif compétitons,  ça, ça a été très dur. J’avais beaucoup de temps libre et il fallait que je m’occupe alors qu’avant, l’équitation me prenait beaucoup de temps. J’ai relativisé. De toute façon avec mon parcours de vie je n’aurais pas pu continuer.

Vous faites quoi maintenant ?

J’ai 23 ans, je suis en 5e année de médecine à Amiens. J’ai encore 6 ans d’études pour être  chirurgien viscéral. Je suis très lucide sur le fait que mes études et la compet n’auraient pas été compatibles. C’est avec le recul que je m’en rends bien compte.

L’équitation a-t-elle eu un impact sur l’adulte que vous êtes aujourd’hui ?

Oui c’est indéniable !  On apprend la rigueur, l’esprit de compet. Mine de rien je fais des études où il y a 2 concours à passer, et sur cet aspect là, oui l’équitation m’a beaucoup apporté. Recommencer le même exercice apprend à être obstiné(e).  Je suis convaincue que ça a eu un impact sur ce que je suis aujourd’hui.

©CL 2019

20-12-2020